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32 centimètres de neige ou presque2021 ⇀ 15 pistes / 32 minutes
1. Premiers flocons (Variant 1)
2. — Tu crois que ça va tenir ? — Oui. Regarde, là, ça s'accumule déjà. (Variant 1-2)
3. Animaux puis enfants laissent leurs empreintes dans l'épais manteau blanc (Variant 1-3)
4. Circulation perturbée dans l'attente de la déneigeuse (Variant 1-4)
5. Marcher dans la neige (Variant 0)
6. On va plutôt rester dedans et boire du thé fumé (Variant 2)
7. Stalactites (Variant 3)
8. Les roues qui patinent, la voiture enlisée (Variant 4)
9. Je n'ai pas que de bons souvenirs de jours de neige (Variant 5)
10. Retour avant le couvre-feu, en longeant les congères (Variant 6)
11. Cela commence à fondre ici ou là, et à devenir grisâtre (Variant 7)
12. Mais les Vosges sont encore blanches (Variant 3-2)
13. Dernière promenade tant qu'il en reste (Variant 8)
14. Plus que de vagues tas de neige compacte (Variant 9)
15. N'oublie pas de vivre, avant de mourir (Variant 1-5)


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Ce disque a fait l'objet d'une interview sur Radio MNE.

« Il est bien des choses plus froides que la neige, bien des choses qui ne demeurent pas éternellement blanches. N'oublie pas de vivre, avant de mourir. Une famille est descendue dans le chemin, pour faire du ski. Et quelque part dans le monde, quelqu'un préfère sans doute écouter Vivaldi. » Voilà ce que j’écrivais, le 14 janvier 2021 à 17 heures 35 dans mes notes personnelles enregistrées sur Google Docs : des bribes de pensée et des bribes de sensations, écrites pour moi-même, dans leur brutalité essentielle.

“32 centimètres de neige ou presque” dure trente-deux minutes ou presque. Il s’agit d’une suite minimaliste et répétitive de quinze variations en la majeur (ou presque), soit quinze variants d’un hiver interminable — dont le commencement remonte peut-être au printemps 2020. Minimaliste, car dans l’économie de moyens, l’économie de son : du silence quoi qu’il en coûte. Quinze variants pour illustrer les étapes d’un épisode neigeux : de l’enchantement enfantin des premiers flocons à l’amertume de la gadoue grisâtre agglomérée le long du trottoir, en passant par les petites angoisses du quotidien perturbé de tout un chacun. Un seul morceau aurait peut-être pu naître de toutes les parties de cette suite ; ce sera à l’auditeur de le reconstruire dans son intimité, selon sa sensibilité et ses désirs.

Car il fut un temps où nous n’étions confinés, bon gré mal gré, qu’à la faveur de quelques centimètres de neige. Chacun, alors, pouvait se recentrer sur sa subjectivité propre, dans un hors du monde et un hors du temps, bloqué par les intempéries — et y trouver un bénéfice personnel. “32 centimètres de neige ou presque” vise à illustrer cette expérience, étape par étape. Il y a naturellement de la mélancolie dans la boucle — on ne se refait pas. Tout le monde n’a pas que de bons souvenirs de jours de neige, je ne pense pas.